Histoire de la philosophie by Alfred Fouillée

Histoire de la philosophie by Alfred Fouillée

Auteur:Alfred Fouillée [Fouillée, Alfred]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Ligaran
Publié: 2016-02-15T00:00:00+00:00


III.Théorie de la volonté. – Les idées ou modifications conscientes de l’esprit ne constituent pas des jugements lorsqu’elles demeurent isolées ; la vérité ou l’erreur réside dans la liaison des idées entre elles ; et cette liaison, selon Descartes, c’est l’activité volontaire qui l’introduit.

L’esprit n’est pas seulement passif : il agit. L’entendement, avec l’enchaînement nécessaire de ses idées, est quelque chose de déterminé et de fatal ; la volonté, supérieure à l’entendement et à ses lois nécessaires, est libre. De là aussi le caractère fini des idées et le caractère infini de la volonté. La liberté est pour Descartes une sorte de « miracle », comme la création ex nihilo. « Elle consiste en ceci, que nous pouvons faire une chose ou ne pas la faire . » Mais ce pouvoir n’est pas un état d’indifférence. « L’indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d’aucune raison, est le plus bas degré de la liberté. » « Avant que notre volonté soit déterminée, elle est toujours libre ou a la puissance de choisir l’un ou l’autre des deux contraires ; mais elle n’est pas toujours indifférente. » Il ne s’agit pas, en effet, de savoir si nous sommes libres quand nous voulons sans motif, ce qui importe peu, mais si nous sommes libres quand nous voulons pour des motifs, ce qui est le cas dans les actions bonnes ou mauvaises. Or, selon Descartes, les motifs détruisent si peu la volonté que, plus ils sont décisifs et rationnels, plus elle est libre dans son entière et franche adhésion, quoiqu’elle ne soit pas alors indifférente, ou plutôt par cela même qu’elle n’est pas indifférente.

Notre pouvoir de mal faire a son origine, selon Descartes, non pas dans l’essence de la liberté, – car la liberté n’entraîne pas nécessairement le pouvoir de faillir, – mais dans l’imperfection de notre liberté, qui est mêlée d’indifférence. Et cette indifférence, à son tour, provient de l’imperfection de l’entendement. La faute, sans être une pure ignorance, comme le croyait Socrate, a donc, selon Descartes, l’ignorance pour condition.

Donc, en définitive, l’ignorance et l’indifférence, conditions du péché, ne sont pas pour cela les conditions de la liberté ; celle-ci consiste non dans cette chose négative qu’on nomme l’indifférence, « mais dans une puissance réelle et positive de se déterminer ». Cette puissance, nous la connaissons par la conscience immédiate que nous avons d’elle-même en l’exerçant. « Elle se connaît sans preuve, à en croire Descartes, par la seule expérience que nous en avons. » Mais, pour être ainsi immédiatement connue, elle n’en est pas moins incompréhensible, parce qu’elle est infinie et que le fini seul est un objet de compréhension.

Dans cette puissance infinie de vouloir réside notre vraie grandeur ; notre souverain bien n’est autre que la rectitude de notre volonté, ou la bonne volonté. Descartes interprète ici en son sens profond la grande distinction stoïcienne entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend



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